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Affichage des articles du 2021

Poésie de samedi soir alcoolisé

Le chaos extérieur a des airs de déjà-vu Mon coeur n'a pas besoin de décret officiel pour se sentir confiné Mais; Il y a eu aujourd'hui assez d'énergie dans mes veines pour danser avec les enfants blonds Faire la vaiselle et laver les comptoirs (Mon mari aime ses comptoirs propres Plus qu'il aime la courbe de mes seins) J'ai augmenté les poids que j'ai soulevé  Pour fatiguer joyeusement mon corps Il y a eu Assez de patience pour affronter la foule Et les files interminables pour des chocolats chauds Et beaucoup trop de gens attendant  de rencontrer un populaire vieux barbu Des chanteurs entuqués clamant le début des festivités Alors qu'un peu partout, les partys tombent comme des mouches Il a fallu retourner à la maison Et un miracle est survenu Personne, cette fois N'a crissé ses bottes et ses mitaines au sol Il suffisait de presque rien Une petite pillule magique magique Pour voir le monde comme dans les vues Et deux petites verres encore Pour croire q

Bon voyage, Renée!

À un père

À toi qui est parti  Demain au petit matin, à l'heure où les enfants croqueront leur déjeuner, cela fera cinq ans que tu nous manques. Cinq ans à te chercher au hasard du tracé des nuages, cinq ans à imaginer ton retour lorsque la nuque des inconnus ressemble trop à la tienne. Cinq ans à parler de toi au passé et je ne m'y habitue pas. Tu vois papa, mon coeur t'aime encore au présent. Tu sais papa, cette bûche qui te porta à cette corde fatale, elle est maintenant au jardin. Nous y avons mis des fleurs et voilà que, peu avant la neige, y poussait encore des champignons. La vie a repris ses droits. J'ai voulu la conserver pour ne pas oublier. Ni ta douleur, ni la beauté cruelle du vivant. Je penserai à toi demain comme chaque jour, avec en tête tous ces moments qui ne se produiront pas, toutes ces rencontres avec tes petits-enfants qui n'auront jamais lieu. Je n'ai pas encore su leur expliquer pourquoi tu ne descends jamais des étoiles. Je t'aime papa. Ta fil

Mes condoléances

 J'ai hésité, dans le vestibule. Aurais-je dû garder mon châle?  C'est que ces jours-ci, j'ai froid aux fondations de mon être.  Il y avait l'urne sur la table, mais je ne m'en suis pas approchée, ni de corps, ni d'esprit.  J'étais possédée de mes propres tristesses, ces choses qui ont éclipsé les morts des autres. Je pleurais pour les mauvaises raisons, pour d'autres que celles du deuil, ou à tout le moins pour un deuil autre. Les angoisses étaient revenues au galop et tordaient mes yeux à la moindre sensibilité, j'étais celle qui se liquifiait lorsqu'on laissait sous-entendre que le retour au travail serait ardu, et même lorsqu'on parlait de fond de pension et de retraite qui n'existeraient jamais. J'ai raté les sandwichs pas de croûtes.  Mais les salades étaient délicieuses.  En sortant, j'ai oublié mon sac. Et surtout, de semer mes condoléances, de les enrubanner de douceur. Encore une fois, je n'ai pas su être là.

L'art de l'amitié

 J'ai toujours su ne pas être la plus douée pour les amitiés féminines. Quelque chose dans la façon de trouver le ton, d'être investie dans la juste mesure, me faisait toujours faux bond.  On ne sort pas si aisément le rat de bibliothèque de soi.  Les livres me sont des amitiés fidèles et totales. Les humains, je ne sais pas toujours comment les aborder. Oh,je sais sourire et être civilisée. Mais très rapidement,je me perds dans les méandres de mes angoisses, j'oublie de garder contact, trop occupée par mes propres dilemmes intérieurs.  Alors, c'était avec étonnement que je découvrais son univers tandis qu'on avait multiplié les sorties au café, il y a quoi, sept ans de cela? Elle était femme, mère, artiste. Elle était totale et entière. Grâce à elle, j'ai appris à être une meilleure personne, à écouter toutes ces parts de moi, dont je ne soupçonnais pas la présence.  J'ai pu vieillir mieux, sachant qu'elle cheminait jamais trop loin de moi.  Mais j'

Voilà

 -Vous allez bien, Madame? -Oui. Et vous? -Oui, merci. Vous avez effectué un test, récemment. Nous avons trouvé des cellules anormales sur votre col. Et mon cerveau, qui paniquait depuis plusieurs heures déjà, d'enfoncer la pédale des larmes et de l'ahurissement. C'est impossible. L'anxiété est une surprotection de l'esprit qui finit pratiquement chaque fois par être calmée lorsque les scénarios catastrophes sont réduits à néant. Cette fois, par contre, je ne peux pas prétendre que tout n'était qu'un mauvais jeu cognitif. -Ce n'est pas cancéreux. Vous allez devoir effectuer une colposcopie, puis on évaluera l'évolution au cours des deux prochaines années. Vous savez, la majorité des lésions dysplasiques guérissent seules. Si c'est nécessaire, nous pourrons les retirer advenant qu'elles y soient encore et deviennent problématiques… Je n'ai pas le cancer de l'utérus. Le col un peu amoché, mais ce n'est pas le cancer. Toutefois, ce p

L'attente

 J'avais même pas peur. Pas une miette. Pas fait de Test Pap depuis trois ans, puisque la vie, le même partenaire depuis des lustres, les enfants, et aucun médecin officiel.  Vous recevrez un résultat par courriel.  C'était presque une réjouissance, j'allais recevoir autre chose qu'un énième avis de l'école de Grand Garçon concernant les rhumes, gastroentérites et autres réjouissances. J'avais même pas peur. Mais hier, la sonnerie du téléphone a résonné à l'heure du souper, tandis que je gérais la préparation culinaire de deux sortes de protéines, la vie ne m'ayant pas doté d'une progéniture aussi végétarienne que moi.  Je n'ai pas répondu, pas le temps.  J'ai revérifié ensuite, par contre.  Un appel de la clinique gynécologique. Oups. Sans doute une formalité, on ne laisse pas de message concernant la santé des patients. Tout de même, je n'ai pas attendu trop longtemps avant que l'anxiété vienne sonner, elle s'est imposée sans en

Le prêcheur

 J'imagine qu'il( ou elle) avait à peu près sept ans. C'est du moins ce que sa calligraphie, gravée dans la terre du parc scolaire, nous permettait de déceler. À l'aide d'un bâton, il(elle?) avait inscrit: '' Jésus est le meilleur'' Ça m'a laissé un brin perplexe. Une belle naïveté devait étrenner sa jeune âme, pour vouer ainsi une dévotion à un super héros d'un autre temps. Je l'ai imaginé, courant l'Halloween aux côtés de ses amis, portant fièrement  la tunique et la barbe longue. Au moins, il a dû avoir l'exclusivité du costume, tandis qu'il déambulait au milieu de multiples Spider Man et autres figures fréquentes. Un peu plus loin, un garçon dessinait des personnages, son petit cahier de dessin à quelques centimètres du visage, la crayon comme arme de poing, comme pour se protéger de l'adversité. J'ai eu une grosse bouffée de compassion pour celui qui, isolé de ses camarades, osait être pleinement lui-même, artiste

Les poubelles

 La quiétude est une denrée fragile. On la prend pour acquis, autant que la jeunesse, qui pourtant se dérobe à nous chaque seconde un peu plus.  C'était un mardi, il y a deux semaines, environ. Petite maison de banlieue, grande fenestration laissant voir un paysage automnal. La voiture du voisin garée comme à l'habitude. Un soleil frisquet qui tente lentement de nous adapter à la nouvelle saison. Je suis assise à la cuisine, sur un espèce d'îlot qui prolonge un comptoir. J'en suis à ruminer encore et encore sur des questions bêtement insipides mais qui obsèdent mon esprit. Et ça arrive. La porte de la maison s'ouvre devant moi, désemparée. Sur l'instant, je crois qu'il s'agit  d'un livreur de bulbes, puisque mon mari en commande beaucoup ces derniers temps, la faute d'un jardin immense qui fait la guerre aux pelouses du quartier. Mais quel livreur tenterait de s'immiscer ainsi dans l'intimité d'autrui? Je m'avance, en panique, fai

Salutations

Je reprends l'écriture ici, pour le plaisir de crier un peu avec les mots. Ce ne sera pas toujours lumineux, ni sombre  mais à tout le moins salvateur. Je ne clame pas la pertinence, mais le besoin d'extérioriser un trop-plein, de sortir les poubelles de ce qui constitue ma nouvelle réalité: la charge mentale d'une mère et banlieusarde pauvre, une artiste déchue sans doute trop paresseuse pour saisir ses rêves à bras-le-corps. Alors, je m'avoue que je ne changerai pas le monde à grande échelle. Ne serai  pas une artiste révolutionnaire. Me conterai d'être une mère imparfaite. Une femme à la santé mentale fluctuante. Mais j'écrirai, pour me faire la main, puisque les mots restent encore le seul phare stable dans les tempêtes de mes saisons intérieures.