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Mes condoléances

 J'ai hésité, dans le vestibule.

Aurais-je dû garder mon châle? 

C'est que ces jours-ci, j'ai froid aux fondations de mon être.

 Il y avait l'urne sur la table, mais je ne m'en suis pas approchée, ni de corps, ni d'esprit.

 J'étais possédée de mes propres tristesses, ces choses qui ont éclipsé les morts des autres. Je pleurais pour les mauvaises raisons, pour d'autres que celles du deuil, ou à tout le moins pour un deuil autre.

Les angoisses étaient revenues au galop et tordaient mes yeux à la moindre sensibilité, j'étais celle qui se liquifiait lorsqu'on laissait sous-entendre que le retour au travail serait ardu, et même lorsqu'on parlait de fond de pension et de retraite qui n'existeraient jamais.

J'ai raté les sandwichs pas de croûtes. 

Mais les salades étaient délicieuses. 

En sortant, j'ai oublié mon sac.

Et surtout, de semer mes condoléances, de les enrubanner de douceur.

Encore une fois, je n'ai pas su être là.

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