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Merci, Karl!

 Comme beaucoup, j'ai été frappée par la nouvelle du décès de Karl, des Cowboys Fringants. Un drame de plus dans une période déjà fortement éprouvante.  J'aurais aimé découvrir leur musique plus tôt.  C'est vers 18 ans,à l'heure de mes premières manifestations, que j'ai pu entendre les airs de leurs chansons, entonnés en choeur sur des bancs de bus en chemin vers Québec,  tandis qu'on se rendait à une énième contestation.  C'était beau,et puissant, beaucoup plus rassembleur que l'internationale communiste, chantée par des" camarades" qui se prenaient trop au sérieux.  Ensuite, ce fut lors de mes passages chez mes parents en banlieue, tandis que j'avais emménagé dans la grande Montréal.  Dans l'incapacité à communiquer le vrai des émois entre nous,leur musique faisait un pont entre mon coeur et celui de mon père.  Un point commun et un langage pour dire les injustices sociales.   Après son décès, en découvrant bon nombre de pièces musica
Articles récents

Madame

 Madame, c'est le titre maudit, celui qui trahit que j'ai réalisé bien peu des choses dont je rêvais adolescente.  Je m'imaginais que,Madame devenue, j'aurais fait le tour du monde, serais devenue évidemment écrivaine, récitant du Nelligan sur un voilier que j'aurais bâti de mes mains. La Madame actuelle, elle travaille, s'entraîne, tente de gérer les tâches domestiques diverses et d'être présente auprès des enfants, lit lorsqu'elle le peut,mais beaucoup moins fréquemment que souhaité lorsque son esprit est paralysé par la gestion des achats des vêtements d'hiver et l'idée de prévoir des mitaines de plus pour la saison froide à venir. On m'a montré, dans les derniers jours,des photographies de moi à vingt ans. J'étais là, souriante,un chapeau de paille multicolore sur la tête, des jupes colorés et follement joyeuse.  J'ai vu cette jeune femme, et m'en suis sentie nostalgique.   La Madame veut faire rejaillir un peu de la jeune fem

Mon angoisse littéraire

 Une heure de sommeil de plus. Un réveil horrible, au sortir d'un cauchemar : La bibliothèque me traînait en justice pour avoir trahi une règle des bon.ne.s usager.ère.s : ne pas abîmer un bouquin. Ça m'est arrivé trois fois en cinq ans. Grosse et triste moyenne.  Une fois,c'est mon chum qui avait oublié le bouquin dans les poches surdimentionnés d'une robe de chambre de spa.  Disparu, donc,à la fin de la journée. Ça m'avait profondément angoissé, et mis en rogne. Je n'avais même pas commencé à le lire. La deuxième fois, c'était en chemin vers Rivière-du-loup, alors qu'on partait faire un roadtrip pré-déménagement. Une bouteille d'eau mal fermée s'était déversée sur un livre,qui gondola aller-retour. Culpabilité.  Tristesse.  La troisième fois, c'était une flaque de jus Halloweensque qu'avait concocté fiston,avec de gros vers de terre en jujubes très mous et gorgés de liquide, après avoir passé la journée au frigo. J'avais lavé la tab

Ingérence

 Le soleil se lève à peine, Que les enfants font la file À l'arrêt d'autobus  Je savoure le bonheur  De ne pas être en retard  Les miens sont habilés Correctement pour la saison  Personne n'a fait de crise Contre  manteau et mitaines Puis,elle m'interpelle  Dans sa voiture stationnée -Madame  il faudrait gérer cela! -Quoi donc? -Le petit gars,là-bas,il attaque la petite fille! Je me retourne,parce que prise en faute Et je ne vois pourtant  Que le frère et la soeur qui rigolent,se chamaillent gentiment  -Je ne comprends pas,il semblent s'amuser... -Il fait les avertir, voyons ! -Allez-y, si c'est important pour vous! Je m'occupe de mes propres enfants, et ces autres-là me semblent plutôt consentants . - Je peux pas,je suis en voiture !J'ose pas imaginer comment vous éduquer vos enfants ! Il n'est même pas sept heures trente Que déjà, Madame, vous voulez encadrer Les jeux de deux enfants qui ne vous ont Rien demandé Je n'en veux pas,de votre insign

Il y a

 Il y a cette fillette Qui disait sien le chalet familial  Qui s'appropriait le Rocher Percé Et dessinait au noir tableau d'ardoise  Les plus grands des bals d'oiseaux  Il y a cette jeune femme  Qui se languissait des marées Qui n'aurait pourtant jamais osé Troquer la ville,filer loin  Au bout de la 132 Il y a cette trentenaire  Presque bientôt quarante ans Qui voit les autres faire maison Dans leurs rêves élémentaires  Et puis,pourquoi pas? Pourrait-elle, elle aussi Laisser la banlieue à son asphalte  Laisser les peurs en arrière  Et faire de la plage son salon Cueillir le varech à pleines mains Se réinventer des saisons 

Les algues du paradis

 Je n'aurais pas cru Pouvoir être une fille de fleuve Moi qui ne jurais que de la mer et ses marées Mais quelque chose s'est enclenché  Là où, avant, il n'y avait qu'un bref arrêt, une petite pause au trajet  Nous avons choisi de nous amarrer  Il y avait le froid qui gèle les phalanges Il y avait les algues qui craquent  Et le calcaire qui s'effrite  Il y avait la pluie,lourde, qui dardait son territoire sur l'eau comme la terre Et surtout, il y avait nos coeurs qui chantaient enfin