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Affichage des articles du décembre, 2023

Rêver

 Je suis celle qui meurt d'anxiété chaque  jour, qui gère son quotidien au quart de tour. Qui tente de tout prévoir,  déjà terrorisée de s'imaginer veuve dans quarante ans.  Je suis celle qui ne voulait pas passer sa vie dans la banlieue de son enfance, mais qui y a pourtant une maison.  Je suis celle qui, dans l'année à venir, se lancera vers ailleurs, pour l'unique raison que "Pourquoi pas?".  Cette audacieuse personne en moi me terrorise.  Je ne sais pas si elle prend la pleine mesure du saut dans le vide qu'elle s'apprête à faire. Il a donc l'angoisse de l'échec, des deuils, et cette irrépressible envie de renouveau,de se choisir, enfin, un lieu de vie à la hauteur du rêve. 

L'étrange chemin caboteux de la vie

 Je n'ai plus, dans ma vie,cette amie à laquelle je confiais tout. J'en prends la pleine mesure depuis les derniers mois, et plus encore dans ces jours festifs, où je dois me souvenir qu'il ne me faut plus la contacter, que le lien n'est plus.  Pourtant, même  si iels ne sont plus présent.e.s dans mon existence,  les gens continuent d'habiter mes pensées.  Alors, je ne peux m'empêcher de me demander comment elle va, de songer à elle,aussi, lorsque dans le bain, mon nez torturé par une récente grippe, sème du sang dans la baignoire, rendant mon moment de détente plutôt dramatique.  Elle aurait aimé la théâtralité de la scène,  les gouttes d'eucalyptus perdues dans une marre d'eau couleur rouille, ma panique à la vue du sang, à ne pas trouver toute de suite l'origine de sa fuite. J'en reviens à qui j'étais enfant,ou adolescente.  Lorsque j'avais peu d'ami.e.s, que les livres faisaient office de compagnons de route. Avant la vingtaine et

Sept

 C'était il y a 7 ans. À six heures du matin, tandis que je décidais de prolonger mon sommeil, ne voulant pas encore affronter le jour, toi, tu décidais d'en finir avec la vie. Tu hissais ta corde à la structure du cabanon,  tu sortais tout ce qui encombrait l'endroit, tu préparais les noeuds qui allaient à jamais te couper de nous. Lorsque le téléphone a retenti un peu plus tard ce matin-là, que maman m'a demandé si j'étais bien assise, comme si elle craignait que la nouvelle me projette violemment au sol, l'annonce redoutée a éclatée.  Tu t'étais pendu, faute d'espoir pour ton futur à venir.  Je t'en ai voulu, de ne pas avoir laissé de notes à mon intention, autant que d'avoir choisi de partir ainsi, abdiquant des défis, et tout à la fois des moments tendres que tu aurais pu vivre. Je t'en veux encore.  Tu aurais pu voir mon garçon, aujourd'hui, fier de maîtriser la planche à neige. Tu aurais pu jaser avec ton frère, échanger de grandes