J’ai toujours apprécié Blogspot, cette plateforme découverte au début de ma vingtaine. J’y ai écrit beaucoup à cette époque, avant de finalement supprimer mon historique de publications et d’y revenir il y a quelques années.
J’y ai vu bon nombre de blogues disparaître ou se faner tranquillement. Je persistais à écrire ici pour développer une communauté, et aussi comme moyen de contact avec un ami, lui aussi blogueur. Devant la rupture récente de ce lien, je me questionne aujourd’hui sur la pertinence de continuer à écrire ici.
Les lieux, même virtuels, peuvent éveiller des souvenirs douloureux. C’est le contrecoup d’habiter si longtemps une relation amicale que l’on croyait saine, puis de soulever un jour le tapis pour y apercevoir la poussière accumulée, les non-dits et les reproches mutuels devenus rances, que l’on n’a pas su adresser.
Recevoir une lettre de torts accumulés sur quinze ans est un choc, surtout lorsqu’elle arrive d’un bloc, sans introspection ni ouverture à la discussion. Une part de moi est tentée de continuer à écrire ici, à tartiner cet espace d’une colère que je découvre en moi, réveillée par des accusations d’un autre temps, adressés à une ancienne version de celle que je suis. Comme si j’avais eu l’occasion de me renouveler à maintes reprises au fil des années, sans que ces transformations aient été réellement vues et que mes paroles ou gestes d’aujourd’hui soient relus à travers le prisme de blessures anciennes.
C’est dommage, puisque j’aimais cette amitié, et ce qu’elle représentait : la possibilité qu’après un lien amoureux, il était possible de rebâtir autre chose, avec ce matériau qu’est la vulnérabilité partagée, cette connaissance fine de l’autre tissée au fil du quotidien, et capable d’évoluer avec la vie, les rencontres, les nouveaux amours et les réalités différentes.
Bien sûr, j’ai aussi vécu des souffrances dans ce lien. Je me suis sentie trahie, niée. Mais j’avais cru, sincèrement, à l’amitié. J’avais cru qu’il était possible de se rebâtir, d’admettre que là où l’amour ne pouvait plus être, il restait un attachement sensible, à l’écoute de l’autre. J’ai cru, en somme, qu’on pouvait aimer différemment.
C’était peut-être un mirage que je me suis construit. Pour moi, ce lien existait comme un espace où la parole pouvait circuler, où les nuances avaient leur place. J’ai compris qu’il était vécu autrement de l’autre côté. Pourtant, il me semble que l’humain est splendide dans cet alliage entre forces et failles, et qu’il est possible, dans une relation suffisamment sereine, d’oser nommer les écueils sans que cela soit vécu comme de la trahison.
Dorénavant, j’investirai les relations dans lesquelles ce qui doit être dit peut l’être. Des relations où la pensée de l’autre est accueillie comme une occasion de grandir, en soi et avec autrui. Je ne chercherai pas à être adulée, tout comme je ne pourrai aduler. Tout peut se dire, dans la bienveillance, et j’apprends à rire de mes travers, en appréciant celleux qui savent ouvrir leurs cœurs.
Je nous souhaite à toustes des liens sincères, capables de grandir et de se transformer.
Pour le moment, j’écrirai sous d’autres cieux, via lagambade.substack.com.
Je reviendrai peut-être ici lorsque la peine sera déposée, lorsque l’égo aura guéri d’avoir été ainsi chamboulé. Je marcherai peut-être sur ces rues virtuelles à nouveau, avec en tête une belle nostalgie légère, sans arrière-pensée autre que des sentiments pastel.
À bientôt!
À bientôt!
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