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Mon angoisse littéraire

 Une heure de sommeil de plus.

Un réveil horrible, au sortir d'un cauchemar : La bibliothèque me traînait en justice pour avoir trahi une règle des bon.ne.s usager.ère.s : ne pas abîmer un bouquin.

Ça m'est arrivé trois fois en cinq ans. Grosse et triste moyenne. 

Une fois,c'est mon chum qui avait oublié le bouquin dans les poches surdimentionnés d'une robe de chambre de spa.  Disparu, donc,à la fin de la journée. Ça m'avait profondément angoissé, et mis en rogne. Je n'avais même pas commencé à le lire.

La deuxième fois, c'était en chemin vers Rivière-du-loup, alors qu'on partait faire un roadtrip pré-déménagement. Une bouteille d'eau mal fermée s'était déversée sur un livre,qui gondola aller-retour. Culpabilité.  Tristesse. 

La troisième fois, c'était une flaque de jus Halloweensque qu'avait concocté fiston,avec de gros vers de terre en jujubes très mous et gorgés de liquide, après avoir passé la journée au frigo. J'avais lavé la table, en oubliant quelques gouttes,sur lesquelles j'ai déposé par inadvertance le livre,voulant ironiquement le mettre à l'abri. 

Ce livre,il était pré-abimé de taches de café un peu partout, gracieuseté du.de la précédent. e lectrice.  À nous deux,nous avions fait une fresque de personnes pas fiables sur les pages de ces oeuvres. 


Chaque fois,je paye les livres,la mine basse,terrorisée des notes qui doivent figurer à mon dossier,même si je me promène habituellement avec mes livres dans des gros sacs hermétiques. 

Je suis faillible. La preuve, je cauchemarde la nuit d'être une mauvaise citoyenne. 


Commentaires

  1. C'est triste mais c'est le risque du métier. Le livre, dans sa carrière, sait qu'il devra se confronter à des cicatrices, que le jus va lui goutter dessus, et qu'il n'en sortira pas indemne. C'est un cascadeur qui est capable d'en prendre, surtout celui venant de la bibliothèque.

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  2. Ils résistent aux intempéries et à la protection variable de celleux qui les empruntent!

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