Accéder au contenu principal

Tu peux me chanter une chanson?

 J'avais oublié la berceuse qui guérit tous les maux

Ça expliquait les gazouillis incessants dans la chambre des enfants

Trop prise par mon cerveau-sans-répit, j'avais oublié d'être maman


Parce que

Ouvrir les valves de mes inconstances, ce matin

Permettre au flot des douleurs de gruger le téléphone

Pour expliquer mon besoin de médicaments

Ça a brouillé les cartes

De ma liste de tâches à faire


Je suis redevenue toute petite

Chose flasque et peu vindicative

Que j'ai été si longtemps


J'ai tout dit, tout dépoussiéré

Même les craques que j'évite d'habitude, pourtant

En espérant enfin

Pouvoir consulter le psychiatre


Mais

Il vous faudra plus, Madame

Il vous faudra attendre, des mois

Il vous faudra déballer encore vos déboires putrides

Espérer être crue et entendue

Tenir entre vos mains votre futur diagnostic


Il sera tout chaud et fragile, vous allez devoir bien le protéger

Prendre vos pillules à heures régulières

Jaser au plein tarif avec un membre de l'Ordre

Et espérer, peut-être, devenir une bonne citoyenne


Un jour, Madame, si vous travaillez bien sur vous

Vous mériterez, sait-on jamais

Une place enviable

Sur un siègle facilement éjectacle




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Il y a

 Il y a cette fillette Qui disait sien le chalet familial  Qui s'appropriait le Rocher Percé Et dessinait au noir tableau d'ardoise  Les plus grands des bals d'oiseaux  Il y a cette jeune femme  Qui se languissait des marées Qui n'aurait pourtant jamais osé Troquer la ville,filer loin  Au bout de la 132 Il y a cette trentenaire  Presque bientôt quarante ans Qui voit les autres faire maison Dans leurs rêves élémentaires  Et puis,pourquoi pas? Pourrait-elle, elle aussi Laisser la banlieue à son asphalte  Laisser les peurs en arrière  Et faire de la plage son salon Cueillir le varech à pleines mains Se réinventer des saisons 

Ingérence

 Le soleil se lève à peine, Que les enfants font la file À l'arrêt d'autobus  Je savoure le bonheur  De ne pas être en retard  Les miens sont habilés Correctement pour la saison  Personne n'a fait de crise Contre  manteau et mitaines Puis,elle m'interpelle  Dans sa voiture stationnée -Madame  il faudrait gérer cela! -Quoi donc? -Le petit gars,là-bas,il attaque la petite fille! Je me retourne,parce que prise en faute Et je ne vois pourtant  Que le frère et la soeur qui rigolent,se chamaillent gentiment  -Je ne comprends pas,il semblent s'amuser... -Il fait les avertir, voyons ! -Allez-y, si c'est important pour vous! Je m'occupe de mes propres enfants, et ces autres-là me semblent plutôt consentants . - Je peux pas,je suis en voiture !J'ose pas imaginer comment vous éduquer vos enfants ! Il n'est même pas sept heures trente Que déjà, Madame, vous voulez encadrer Les jeux de deux enfants qui ne vous ont Rien demandé Je n'en veux pas,de votre insign

Jour de fête

 Aujourd'hui, c'est jour de fête Et pas seulement parce que j'entame une nouvelle barre de savon Bio J'ai couru avec plus d'aplomb ce matin Les corneilles me clignaient de l'oeil, complices Il y avait beaucoup de garnotte Je m'y suis même pas enfargé Un vrai beau début de journée Et je clame à présent L'ode à l'autosuffisance J'en ai assez d'attendre Après lui Pour être vue, pour exister J'ai décidé (encore plus qu'hier) De m'aimer pour deux J'aurais tendance à souhaiter d'autres yeux, d'autres sourires Espérer un nouvel amant Pour me sortir de l'engourdissement du mariage Mais non, ce ne serait que pâle illusion Je dois kiffer assez ma propre personne Pour m'autosuffire Caresser ma peau, mon âme et mon futur Comprendre que même accompagné On demeure en soi une entité Aujourd'hui, c'est jour de fête Et je ne ME décevrai pas