Entre deux rangées à la pharmacie, je tombe sur cet homme vieillissant et sa femme, silencieuse, effacée.
Je le dévisage assez longtemps pour éclairer ma mémoire et retrouver le souvenir attaché à ce malaise provoqué par sa personne.
C'est donc lui, cet enseignant antipathique qui s'évertuait à faire éclater les rêves de ses élèves les plus vulnérables; du moins les miens. Lui,menteur,qui avait énoncé en pleine classe que je n'écrivais pas mes textes moi-même, insulte ultime pour la pré-adolescente que j'étais, pour qui rien n'existait hors des mots.
Petit homme, tu ne m'impressionnes plus. Te voilà recourbé sur tes douleurs de vieux monsieur, tu as perdu la grandeur de ta taille et le respect que j'ai dû t'allouer,jadis.
Je te vois trottiner vers la sortie, ta main solidement accrochée à tes achats, et je n'éprouve que le soulagement de voir nos chemins séparés.
Tu vois, les mots et les livres sont restés à mes côtés, intouchables amis. T'as perdu.
Il a vraiment fait ça ? Un prof du primaire, ou du début du secondaire ? Pas impressionnant le type. C'est drôle, ça, la jalousie des profs.
RépondreSupprimerSixième année. Je lui avais écris, dans la vingtaine,pour lui faire part de ma réalité de l'époque. Il avait seulement trouvé à me dire que jamais il n'aurait été si impoli avec un enseignant que ce que j'avais été en lui écrivant ainsi. Aucune introspection.
RépondreSupprimerQuel odorant fumier, ce mec!
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