La neige avait semé sa féerie matinale, les enfants déposés à l'école, ma foulée malhabile sur les routes où la neige devenait slush J'ai glissé sans grâce, j'ai vu le fleuve à mi parcours, suis revenue les pieds mouillés Je ne sais pas combien de paires de bas mettre sur mes pieds pour affronter le chemin Je crois bien être généralement positive mais la vie me happe je manque de temps pour flatter le chat, entretenir mes amitiés, écrire des choses révolutionnaires Il me semble que je cours toujours après quelque chose Je dois apprendre à habiter l'instant
Le fleuve dépose des restes d'un oiseau dépecé. Je m'arrête, le regarde, dégoûtée, coupable d'être arrivée trop tard. L'automne est là, dans les bourrasques où les feuilles cherchent la chaleur à l'intérieur des chaumières, elles s'engouffrent dès qu'une porte s'ouvre sur le dehors. Je ne sais pas si j'avance comme je le devrais, ni vers où. Je repense à l'oiseau qui a fini attaqué sur la plage. A-t-il pu accomplir tout ce qu'il souhaitait avant le coup de bec fatal du grand rapace ? Je fais mon petit bout de chemin pas révolutionnaire, je garde mon corps actif, je fais mon boulot sagement et avec empathie, je prépare à souper à des enfants largement difficiles à satisfaire, j'accompagne les devoirs et la routine dodo, jusqu'à l'épuisement, et là, j'ouvre un livre, quelques pages avant de sombrer dans le sommeil. J'entendais récemment d'une autrice en entrevue qu'elle rêvait, enfant, d'écrire. Et cette prof...