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Affichage des articles du 2025

Autopsie dun deuil amical: L'acceptation

 46 jours, 52 heures, 3 secondes.  Des mots échangés, puisque ma douleur ne pouvait admettre une finalité dans des teintes si sombres. Un besoin d'ajouter de la lumière, pour avancer un peu.  On a déplié les dernières semaines, recompté les souffrances, pour faire un tri salutaire.  Je crois que tout n'a pas pu être entendu,  nos cicatrices d'avant scotchées sur l'oreille du coeur, a faussé encore une fois les données.  Au moins, il y a eu reconnaissance de nos années partagées, des remerciements sincères des deux côtés, comme une poignée de mains de yeux mouillés. Je reste tout de même avec un deuil à pacifier. Elle quitte avec le quart de ma vie, et toutes les clés de mes secrets. Je ne sais pas comment je bâtirai mes liens prochains, je ne sais pas si je serai un animal sauvage dur d'approche, ou un oiseau voltigeur qui cherche l'adoption sur les épaules des passants. Peut-être un peu des deux. J'espère pouvoir faire naître de belles relations ici,sur ce...

Autopsie d'un deuil amical: La respiration

 43 jours, 12 heures, 53 minutes et 6 secondes.  Une accalmie qui m'habite au réveil, et l'idée claire que je ne pourrai pas porter seule le rétablissement du lien. Mes pieds qui foulent le sol,je cours après des réponses qui ne viendront pas, la marée basse qui me confirme que je ne peux rien faire contre mon nom déchiqueté dans son carnet d'adresses. J'ai voulu, jusqu'à la toute fin, construire une amitié aussi forte que le roc, inébranlable malgré la grisaille et les grands vents.  Je mettrais encore l'ardeur nécessaire, si mon rythme pouvait être entendu. Rythme de femme qui fait son possible, rythme de femme qui tente de survivre à son chaos quotidien. Rythme de femme qui, comme le clapotis des vagues, se recule parfois, porté par la force de la lune, puis revient, toujours.  Je respire, aujourd'hui, d'une part parce que sinon, j'implose d'un deuil que je n'ai pas voulu, à un moment drôlement inapproprié de ma vie,  et d'autre part, ...

Autopsie d'un deuil amical- Le doute

 42 jours, 19 heures, 4 minutes et 25 secondes.  Les jours qui se poursuivent, dans le silence de l'inconfort, à relire les messages, à tenter de voir où mes réponses auraient pu être différentes,et comment la communication aurait pu être optimisée. Comme si je n'étais qu'à une phrase, ou même une virgule d'une réconciliation.  Passer une journée, encore, à rédiger un message, mais à avoir tellement peur de sa réponse, à analyser mes propos sous l'œil de sa souffrance, à trouver que rien ne passe le test, parce que je n'ai rien de neuf à proposer, outre mon amitié habituelle, peuplée de ses failles et ses lumières, mon désir de l'accompagner au quotidien, de tendre les mains, encore, parce qu'il me semble que le chemin à venir semble si grand qu'il faudrait nos deux âmes pour en embrasser l'immensité.  Un désir de sororité qui dépasse les blessures. Et puis, je me souviens qu'elle ne voulait plus de moi. Que je ne suffisais pas. Et soudain, m...

Hymne à cette dernière semaine d'août

 M'emmitouffler encore Dans la chaleur des couleurs estivales Ne pas vouloir tout de suite Emprunter le pas lourd Des charges de l'automne  Laissez-moi encore un peu Vivre ma vie  Au chant joyeux des goélands  M'étendre les orteils entre les fleurs du trèfle  Entonner les chants vibrato des bestioles du jardin

Autopsie d'un deuil amical- Le commencement

 41 jours 10 heures 57 minutes et 7 secondes dans ma vie d'après l'amitié phare. Quarante et un jours à faire profil bas, à rester muette, exception faite de quelques poèmes obscurs. Quarante et un jours à espérer quand même un message de sa part. Quarante et un jours à me dire que c'était impossible que dix ans d'amitié se terminent ainsi. Pourtant, son dernier courriel était éloquent, peuplé de points finaux et de fins de non-recevoir. Et ces mots, encrés depuis dans ma peau, indélébiles malgré des nettoyages coriaces: ''Je ne te veux plus dans ma vie.'' Ces mots qui sonnent comme nombre de nos querelles passées, lorsque la colère qui la prenait d'assaut semait des barrières pour ne pas envenimer les blessures. Ma peur du rejet qui réagissait toujours fortement, me tordait, me roulait en boule jusqu'à ce que je puisse respirer à nouveau, quémandant une reprise de contact, une pacification. Cette fois, je n'ai tendu aucune perche au-delà de ...

Réflexion à l'aurore

 J'ai rêvé d'elle,encore. J'imagine qu'il faudrait que je cesse de regarder nos anciens courriels, arrêter de chercher du sens à la rupture présente dans nos querelles passées.  Elle passait nous visiter avec ses enfants, et son nouveau polycule, qui dans ce rêve était constitué de plusieurs amant.e.s, et j'étais là, à essayer de comprendre comment sa vie avait changé en un mois, à vouloir clarifier cela dans ma tête, à vouloir savoir qui était son.ses. amoureux.euse.s et elle avait répondu que ça importait peu,qu'iels étaient tous précieux.euses et que leurs amours fluctuaient.  J'étais désemparée de la distance de notre amitié déchue, et complètement dépassée par la situation, moi qui espérais naïvement pouvoir discuter de notre relation, décortiquer l'escalade des dernières semaines.   Je me suis réveillée avec un constat d'échec, celui de mon incapacité à tourner la page, parce que visiblement, mon coeur ne se fait pas aux adieux, aux points fina...

Perles d'eau

 Tandis que le monde crie  Qu'il se meurt d'égalité  De justice et de faim Je m'abreuve À ces merveilles  Aux teintes estivales c'est n'est pas moins le chaos Seulement  Un soupir d'espérance  que l'humain puisse être un peu moins con

L'asphalte

Ce qui reste de nous Se compte entre les craques des trottoirs Aux embranchures molles de nos secrets fanés J'ai cessé de vouloir réanimer nos souffles éteints J'accepte l'inévitable désenchantement  Dehors, les oiseaux déjà marquent le chemin  Territoire d'asphalte aux imprimés graciles Leurs pas légers s'envolent  Vers des demains aux plumes duveteuses J'irai couver ce qui n'existe pas encore  Mes partitions d'amour  Des ailes pour  une hutte Où je panserai mes plaies

Ombrelle

 Les ombrelles Lourdes du poids Des gouttes qui désaltèrent Des abreuvoirs pleins De reflets à siroter La verdure de la cour Comme autant de points d'eau  Pour le vivant Je pourrais rester là  Des heures durant  À espionner ce qui pousse Le froissement des feuilles Qui se délient  La rotation lente Des stigmates en éveil Les fleurs savent dire  Les fragilités de la joie

Un an

Un an de ce lieu Des effluves salines Qui rééquilibrent mes tristesses Les chemins vers le fleuve Foulés maintes fois par mes pieds Être inconnue dans la foule  Me répendre dans l'humanité  Aux miles visages Mon silence  Pour entendre le chant des marées  Un an de ce lieu Comme un souhait  De m'emmitouffler aux abords du littoral  Jusqu'au souffle dernier Le soulagement d'être  Là où l'âme s'apaise 

Indésirable

 J'ai écris de l'encre vive des veines Ce qui devait être dit Mes excuses sincères  Pour être si souvent aux commandes d'un voilier qui fonce  Sans observer le vent Mes mots dans son courrier indésirable  Seront effacés sans même se rendre à elle Je vis le grand départ  D'une âme qui connaissait ma langue Qui savait décrypter le chant de mes émois Ma peine d'amitié  Feels like à vingt ans Crème glacée  Cahiers noircis mouillés de larmes Tresses de chansons tristes J'enterre aussi  Dix ans de moi

Apprivoiser la fin

Ma boîte de réception  Accumule des brouillons de courriels pas envoyés De ponts que je ne sais pas bâtir  Chatgpt est persuassif.ve Pour m'éviter d'écrire  À celle qui ne m'attend plus J'essaie pour une fois De ne pas succomber J'apprivoise le vide J'harcèle l'IA  J'ai droit chaque jour Aux limites de la gratuité 

Laisser au fleuve

 Laisser au fleuve Ce qui s'évapore dans la colère  croire en la force des marées  Regarder les quidams cueillir aux plages Les récits qu'iels voudront conserver Libérer mes vérités  des interstices du mutisme  Apaiser la crainte d'être faussaire Rien de ce qui blesse  ne peut s'apprivoiser  S'ouvrir l'âme  Aux sourires esquissés au coin d'une table Aux échanges brefs qui portent loin Aux liens qui poussent sans exiger À la magie qui déposera  Du bois poli d'incertitudes  Et le courage d'avancer quand même 

La trail

 Prendre la trail Qui fait fleurir mes pas Marcher vers des destinations paisibles Écouter le souffle intérieur  Qui sait Qu'il faut pousser vers le soleil Que la rocaille avale  Ce qui n'ose pas prendre parole  Mes tiges s'enracinent  Dans des sols d'amour fertiles Là où des pieds impatients Ne me piétinneront pas Mon rythme est celui de saisons  Soumises aux forces des vents J'ai en terreau une confiance nouvelle  En mes limites Je ne serai plus une plante de salon

Écrire

 Écrire  Pour prendre le pouls de mon histoire  Apâter les souvenirs qui s'étirent comme un matin brumeux Mettre des sons qui claquent Sur des fragments de vécu Trouver les pièces qui concordent  Au puzzle qui prend la poussière  Plonger pour le seul bénéfice  D'apposer des lucioles Dans les craques qui bordent les noirceurs  Écrire 

Love me

 Je ramasse les miettes Depuis quelques siècles  Une forteresse De petits bouts de pain Arrachés à la morne routine  De nos corps étrangers Quémander des parcelles d'amour  Dans un foodtruck en perdition  Le fromage en grains est périmé Pu de fourchettes en plastique  Pour notre relation  Je pleure d'une sauce brume en mottons Je suis le vagin de service  Un garage pour ton sperme contenté Tandis que résonne encore  Mes supplications de tendresse Ta langue dans ma bouche Ne trace jamais le bon chemin  Dans le train  Je cherche des signes  Pour me convaincre  Qu'on tient à plus Qu 'une hypothèque  Les graffitis me disent juste De m'aimer  Dans une police de caractère  Que je reconnais pas

S'envoler

 Ses cheveux qui s'échappent  (Qui partent en vacances, comme dit mon enfant) Des poignées qui se détachent de sa tête  Une terre en jachère Jusqu'au retour des jours chauds Et la fin des traitements Moi à des kilomètres  Je ne peux pas tenir sa main Lorsque les mèches prenent le champ S'échouent sur le carrelage Un tapis pour accueillir  Ses pas fragiles Une route tracée Une destination sinueuse  Je ne vois Sur l'écran petit format  Que ses larmes nager Contre le courant Ses lèvres demander en silence  Comment vont les enfants  Entre mes mains L'impuissance brodée  d'une torche à feu

Joie

 Moi qui cours  Jusqu'à ses abords Le coeur en fête  De voir ses vagues qui éclatent Sur les neiges compactes Prendre des photographies  Pour immortaliser longtemps  Les déclinaisons des eaux Vouloir capter plus Que ce que mes iris peuvent contenir  Du beau jusqu'à plus soif J'inspire  Les poumons gorgés Du délice salin des embruns Mes bottes prennent l'eau Tandis que je fais le plein Des marées qui ont vaincues Les glaces Vivre pleinement en ces instants Où je suis un rocher de chair Aspergée  Mais béatement heureuse

Relâche

La cloche du début des cours Atténuée par le bruit des escaliers dévalés en trombe Des jouets éparpillés en un tapis au sous-sol  Tandis que les mains sont encore constellées De paillettes Des jeux qui dégénèrent Quand tout le monde veut En même temps le seul playmobil auquel il reste des cheveux  Je n'ai pas pu lire la pile de bouquins à côté de mon lit Ni faire les siestes nécessaires  À l'entretien de ma boîte crânienne Trop occupée à tenter de créer des souvenirs  Demain le tsunami va m'emporter  Me remettre les fesses  Devant l'écran d'ordinateur Je serai de nouveau salariée Je vais devoir boucher les fissures Mon embarcation prend l'eau  Je ne suis pas un maillon fort Du capitalisme  Je veux tisser des poèmes  Aux heures ouvrables Lire du lever au coucher du soleil  Être payée pour aimer beaucoup trop les mots Je n'ai jamais espéré être une princesse  Je souhaite plutôt découdre un peu Le châle de la charge mentale  Laiss...

Oser

 Je sors parfois De l'ermitage Pour tendre les mains Aux possibles  La face au vent Et le coeur réceptacle Je ne sais pas Qui je trouverai Dans les plis de mes craintes Des identités parsemées De pellicules d'angoisse  Je voudrais être toujours  Celle qui sourit En montrant les dents Ne plus m'excuser  En empruntant le trottoir  Le prendre d'assaut  Le pas ferme et la démarche assumée Où en moi se cache celle qui ose?

Pour le moment

 La bête a été aperçue  Son territoire est encerclé Elle ne s'est pas propagée Pour le moment  Il faut attendre  Laisser la science se faire  La magie des scalpels Les cocktails de médicaments De traitements et d'effets secondaires Il faut suivre le rythme de croisière  Qui nous est imposé L'angoisse doit battre en retraite  Pour le moment  Pour survivre à ce qui vient  Sans y laisser nos quiétudes En pâture  Il faut ravaler l'effroi  Pour le moment 

Gronde la tempête

 J'ai ajouté du sable Aux marches de l'escalier  La factrice évitera une commotion  Aspiré la poussière dans les coins Où je ne boude jamais Je fais des piles de vaisselle propre Qui sécheront pendant la sieste Pour repousser l'ennemi  La sauge avale l'air ambiant Je ne sais plus quoi accrocher sur la corde à linge Pour espérer un diagnostic malléable  Ou doux comme un oiseau Retenant mon souffle Comme le font  Celleux qui voient les flammes décimer Les villages  Espérer fort  Que le vent ne frappera plus Qu'il ne viendra pas lécher  Les fondations des maisons  Je ne sais plus Ce qui tient la structure  De mes convictions  depuis l'annonce  Je ferme les yeux à moitié  J'attends le tsunami  Je visionne trop de vidéos  De Christophe André Je me gave de sa voix grave Qui me dit qu'on peut tout traverser  Que le temps guérit les choses Il peut aussi tuer,le temps  Et c'est ce qui me tétanise J'oscille ...

S'apprivoiser

Un fond de mélancolie En vers de coeur Une ritournelle  Qui traîne dans l'aorte  Je voudrais construire ici Une communauté de liens  D'amitiés qui ensoleillent  Ou faire migrer les ami.e.s Jusqu'aux abords du fleuve  Voeux impossible  Leurs vies se poursuivent  Sans ma périphérie  Je suis celle qui n'est plus Ici n'est pas le même endroit  La solitude se pose L'écho  Du vide Je dois m'apprivoiser

Attente-II

  Dans l'attente des données qui chiffreront l'effroi J'osculte mon corps Soupèse les seins, j'attends, muette, la coloration douteuse qui dira la contagion  Je serre les jambes quand le col élance  Je ne sais plus si le sang qui fuit suit le courant  Ou s'il témoigne d'une anomalie génétique  Mes entrailles sont trop bruyantes lorsqu'elles digèrent  Qu'est-ce qui y m'acère dans le silence des destructions Je ne fais plus confiance à la nature  Depuis que la science a éclairé  Le carcinome dans ma lignée Je ne sais pas comment survivre  À nos finalités Je veux la voir vivante  Des décennies encore Je m'objecte à sa floraison avortée  Je veux aussi Égoïstement  Me croire éternelle