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Demain

 Cette maison  Presque la nôtre  Mais rangée, comme pour y accueillir  Des songes futurs Et des bottes d'enfants tannants En montagne dans l'entrée  Il y aura un après  Lorsque nous quitteront les lieux  Il y aura d'autres visages  D'autres rires et quelques querelles  Parfois Et il y aura nous Dans un ailleurs indéterminé Une vie en filigrane J'attends que le soleil  Éclaire les possibles 
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Violence ordinaire

 Des mots épées dans une rencontre familiale  Des mots hideux qu'il m'aurait fallu capter au vol Trop de choses que j'aurais dû rectifier Mais Ça n'aurait servi à rien Il n'y a que son vécu qui prime La réalité d'autrui  Ne l'intéresse  Que si elle peut lui en soutirer  Quelque chose  Et même tenter La confidence A été finalement rabroué Puisqu'en ce groupe,toujours  Certaines choses vivent mieux cachées sous le tapis J'ai hâte d'avoir un jour Une famille choisie

Recueils

 La bibliothèque comme lieu de débauche  Un vendredi soir,passé trente-cinq ans Manger. Vivre en famille.  Coucher les enfants.  Lire. Lire. Enchaîner les recueils comme autant de petits gâteaux vanillés qu'on gobe presque sans respirer.  Le sucre ardent des mots des autres.  Dans mon coeur et dans mes veines. Pour croire,aussi,au poids de mes mots à moi.

Rêver

 Je suis celle qui meurt d'anxiété chaque  jour, qui gère son quotidien au quart de tour. Qui tente de tout prévoir,  déjà terrorisée de s'imaginer veuve dans quarante ans.  Je suis celle qui ne voulait pas passer sa vie dans la banlieue de son enfance, mais qui y a pourtant une maison.  Je suis celle qui, dans l'année à venir, se lancera vers ailleurs, pour l'unique raison que "Pourquoi pas?".  Cette audacieuse personne en moi me terrorise.  Je ne sais pas si elle prend la pleine mesure du saut dans le vide qu'elle s'apprête à faire. Il a donc l'angoisse de l'échec, des deuils, et cette irrépressible envie de renouveau,de se choisir, enfin, un lieu de vie à la hauteur du rêve. 

L'étrange chemin caboteux de la vie

 Je n'ai plus, dans ma vie,cette amie à laquelle je confiais tout. J'en prends la pleine mesure depuis les derniers mois, et plus encore dans ces jours festifs, où je dois me souvenir qu'il ne me faut plus la contacter, que le lien n'est plus.  Pourtant, même  si iels ne sont plus présent.e.s dans mon existence,  les gens continuent d'habiter mes pensées.  Alors, je ne peux m'empêcher de me demander comment elle va, de songer à elle,aussi, lorsque dans le bain, mon nez torturé par une récente grippe, sème du sang dans la baignoire, rendant mon moment de détente plutôt dramatique.  Elle aurait aimé la théâtralité de la scène,  les gouttes d'eucalyptus perdues dans une marre d'eau couleur rouille, ma panique à la vue du sang, à ne pas trouver toute de suite l'origine de sa fuite. J'en reviens à qui j'étais enfant,ou adolescente.  Lorsque j'avais peu d'ami.e.s, que les livres faisaient office de compagnons de route. Avant la vingtaine et

Sept

 C'était il y a 7 ans. À six heures du matin, tandis que je décidais de prolonger mon sommeil, ne voulant pas encore affronter le jour, toi, tu décidais d'en finir avec la vie. Tu hissais ta corde à la structure du cabanon,  tu sortais tout ce qui encombrait l'endroit, tu préparais les noeuds qui allaient à jamais te couper de nous. Lorsque le téléphone a retenti un peu plus tard ce matin-là, que maman m'a demandé si j'étais bien assise, comme si elle craignait que la nouvelle me projette violemment au sol, l'annonce redoutée a éclatée.  Tu t'étais pendu, faute d'espoir pour ton futur à venir.  Je t'en ai voulu, de ne pas avoir laissé de notes à mon intention, autant que d'avoir choisi de partir ainsi, abdiquant des défis, et tout à la fois des moments tendres que tu aurais pu vivre. Je t'en veux encore.  Tu aurais pu voir mon garçon, aujourd'hui, fier de maîtriser la planche à neige. Tu aurais pu jaser avec ton frère, échanger de grandes